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Tradition familiale depuis 1895

Une passion de brasseurs

Dans le vil­lage d’Hordain à une quin­zaine de kilo­mè­tres au sud de Valenciennes, La Brasserie la Choulette est l’une des der­niè­res bras­se­ries du Nord fondée au 19ème siècle et, encore en activité. Héritière de ce riche passé bras­si­cole, la Brasserie La Choulette a conservé l’authen­ti­cité d’une véri­ta­ble pro­duc­tion arti­sa­nale. Elle reven­di­que aujourd’hui un ter­roir : le Nord. Chez les Dhaussy, la bras­se­rie est également une affaire de famille, un métier, une pas­sion trans­mise de géné­ra­tion en géné­ra­tion.

Jules Dhaussy (1865-1935) agri­culteur à Iwuy trace le pre­mier sillon. En 1895, il acquiert une bras­se­rie à vapeur. D’ailleurs, l’uni­vers bras­si­cole ne lui est pas com­plè­te­ment inconnu : il a déjà tra­vaillé comme ouvrier à la bras­se­rie Derieux. Avec l’orge culti­vée sur l’exploi­ta­tion, l’agri­culteur bras­seur confec­tionne des bières blon­des peu alcoo­li­sées qu’il vend aux ouvriers agri­co­les. La bras­se­rie apporte alors un com­plé­ment de reve­nus tout en favo­ri­sant les acti­vi­tés de la ferme. À force de tra­vail, la reconnais­sance arrive : la ferme bras­se­rie Dhaussy est réper­to­riée en 1902 dans l’annuaire des bras­seurs.

À l’époque, la bras­se­rie pros­père autant que l’acti­vité agri­cole. Alphonse Dhaussy (1892-1967) en com­pa­gnie de sa femme Berthe Collet, également fille d’agri­culteur, pour­suit l’œuvre de son père.

Les affres de la Première Guerre mon­diale n’émoussent pas la volonté de cet homme : la bras­se­rie réqui­si­tion­née puis détruite, il brasse alors chez son oncle à Eswars près de Cambrai. Le savoir-faire d’Alphonse Dhaussy est reconnu dans le canton. D’ailleurs Henri Bourgeois de la bras­se­rie Bourgeois-Lecerf d’Hordain s’appro­vi­sionne régu­liè­re­ment en levure chez lui.

Dans la famille Dhaussy, le métier de bras­seur est aussi une affaire de femme. Dès qu’elles en ont l’âge, les deux filles, Maria et Jeanne, aident leur père qui les initie à l’art du bras­sage. Elles font ainsi partie des rares femmes à avoir brassé : “En ce temps-là, dans de gran­des cuves, nous mêlions la bière avec de gran­des four­ches, manche en bois et dents de fer… c’était lourd ! Il fal­lait mêler tout le temps.” se sou­vient Jeanne qui, malgré la dureté du tra­vail, garde d’inou­blia­bles sou­ve­nirs.

Plus tard, Alphonse et Jules vien­nent agran­dir la famille. Le pre­mier, Alphonse s’occupe dès son plus jeune âge de livrer chez les par­ti­cu­liers les cais­ses de bière blonde peu alcoo­li­sée (le père assisté d’un ouvrier assu­rant la mani­pu­la­tion des ton­neaux). Mais l’essor des bières de fer­men­ta­tion basse annonce le déclin de l’entre­prise fami­liale.

En 1951, la bras­se­rie Dhaussy s’arrête. Alphonse Dhaussy décide alors de conti­nuer le com­merce de la bière et devient entre­po­si­taire pour la bras­se­rie Baré de Valenciennes, tandis que le second fils, Jules Dhaussy, conserve la ferme fami­liale dont l’acti­vité agri­cole reste impor­tante.

Une nouvelle génération de brasseurs

En 1977, Alphonse Dhaussy a l’oppor­tu­nité de repren­dre la bras­se­rie Bourgeois-Lecerf à Hordain. En rede­ve­nant ainsi bras­seur, il offre à son fils, Alain, la pos­si­bi­lité de pour­sui­vre l’œuvre de son grand-père. Alphonse et Alain Dhaussy ten­tent un pari fou : relan­cer les bières de à fer­men­ta­tion haute alors qu’autour d’eux, les bras­se­ries régio­na­les fer­ment leurs portes les unes après les autres. Au terme d’un dur et long combat, la bras­se­rie Bourgeois-Lecerf retrouve sa splen­deur d’antan.

En 1981, est lancée une bière ambrée, puis­sante en goût. La Choulette, tel est le nom de cette bière. Un nom tiré d’un jeu tra­di­tion­nel et popu­laire du Nord, la Choulette ou jeu de crosse-golf dont l’ori­gine remonte à la plus Haute Antiquité. La petite bras­se­rie d’Hordain, héri­tière du patri­moine bras­si­cole de l’Ostrevant, trouve dans les recet­tes fami­lia­les les res­sour­ces néces­sai­res à son déve­lop­pe­ment.

En 1986, Alain Dhaussy, maître bras­seur, prend défi­ni­ti­ve­ment en charge l’entre­prise fami­liale qu’il bap­tise, Brasserie Artisanale La Choulette, en témoi­gnage de son atta­che­ment à ses raci­nes loca­les.

La Brasserie La Choulette aujourd’hui

Avec une pro­duc­tion annuelle de 8 000 hl, l’influence de la bras­se­rie ne se limite pas au seul ter­ri­toire de Valenciennes. Au contraire, les bières bras­sées dans le vil­lage d’Hordain sont dis­tri­buées sur l’ensem­ble du ter­ri­toire natio­nal et même au-delà. Elles s’expor­tent ainsi en Grande-Bretagne, en Italie et aux États-Unis.
La bras­se­rie emploie aujourd’hui onze per­son­nes dont quatre à la fabri­ca­tion des bières. Quant aux autres, elles tra­vaillent à leur dis­tri­bu­tion en direct sur la région Nord.

notre histoire

C’est dans l’ancien comté du Hainaut, au cœur du pays d’Ostrevant que les brasseries de campagne prennent leur origine. Sur cette terre d’élevage et (…)